Systématiquement lors d’une inscription sur une course, un certificat médical est demandé.

Au delà de l’aspect légal pour les organisateurs de course, à quoi peut bien servir un certificat de non contre indication pour l’athlète ?

Cette question est légitime, car pour obtenir ce document, il faut s’organiser, prendre RDV chez un médecin (généraliste ou médecin du sport pour les plus perfectionnistes), consacrer du temps à cette démarche… : Alors, dans quel but ?

Banalisé, cet examen clinique est parfois allégé par les praticiens et les athlètes en vont même jusqu’à détourner le système en falsifiant d’anciens certificats… Mais, n’est ce pas un risque de procéder ainsi ? Pas seulement juridique mais surtout pour la santé de l’athlète ?

Ici, l’objectif est bien de souligner les points clefs de la consultation médicale permettant la rédaction du certificat.

En effet, cette consultation rentre dans le cadre de la prévention médicale, et il y a peu de motifs qui poussent les athlètes à aller voir leur médecin en prévention … Pourtant : mieux vaut prévenir que guérir !

Ainsi, le certificat de non contre indication peut être la raison qui nous pousse à aller voir une fois par an son médecin du sport, même si tout semble aller bien !

Que cherche à dépister le médecin du sport au cours de cette consultation ?

Rappelons que le Trail n’est pas encore totalement fédéral et que la majorité des trails n’exigent pas d’être licenciés en club. Le suivi des traileurs passe donc uniquement par la consultation pour le certificat médical ! Alors… Ne la négligez pas, prenez soin de vous !

Plusieurs points doivent être vérifiés avant de donner le « feu vert » aux sportifs pour pratiquer un sport intensément ( tant en volume d’entrainement qu’en intensité cardiaque lors des séances ou des courses)

Dépistage de maladies cardio-vasculaires ou respiratoires :

- N’oublions pas que le cœur est un muscle. Au delà de huit heures de sport par semaine, surtout les sports d’endurance, le muscle cardiaque se renforce et s’épaissit. On parle alors d’hypertrophie cardiaque ou de « cœur d’athlète ». Ceci est normal, et répond seulement à la sollicitation répétée et prolongée du cœur à l’effort.
Mais parfois, si cela devient excessif, cela peut entraver son bon fonctionnement.

-De plus, depuis quelques années, plus de 8 heures de sport par semaine est considéré comme facteur de risque cardio-vasculaire.
C’est un comble allez-vous dire, car on nous rabâche sans cesse que bouger est bon pour la santé !
Et oui, mais le sport santé et le sport de performance sont deux choses différentes…. La pratique sportive prolongée et surtout avec des séances d’intensité favorise l’inflammation et peut, au long cours, altérer les artères.

-Enfin , parce que le sport est bon à pratiquer de 9 à 99 ans, n’oublions pas que le corps vieillit quand même et que la forme physique en sport n’est pas signe d’absence d’anomalie. En effet les vaisseaux vieillissent aussi, leur parois se rigidifie , se calcifie et peut donner des maladies cardio-vasculaires comme les infarctus. Le muscle cardiaque vieillit aussi et peut être la cause de trouble du rythme cardiaque, etc.

Donc, pour ces raisons, un examen clinique approfondi et la réalisation d’un électrocardiogramme (idéalement tous les ans, au minimum tous les trois ans) sont indispensables.

Dépistage de troubles hormonaux ou de carences alimentaires

Il est malheureusement fréquent de rencontrer des perturbations hormonales dans une pratique sportive importante, surtout en endurance.
Notamment, chez les femmes les aménorrhées (« absence de règles ») sont souvent banalisées car plutôt confortable dans son quotidien de sportive. Mais c’est important de rechercher la cause, faire une prise de sang en vue de corriger ces perturbations. Aussi il faut prévenir et rechercher une éventuelle ostéoporose qui est la principale conséquence de cette aménorhée.

La fatigue chronique ou les crampes sont un motif fréquent de consultation.
Mais avant d’arriver à ces symptômes nous pouvons rechercher des erreurs diététiques et des carences très fréquentes, comme la carence en fer ou en magnesium.

A noter aussi que le manque de vitamine D est un risque important de fractures de fatigues. Et malgré le soleil des Alpes, l’apport par l’alimentation est nécessaire.

Ainsi un questionnaire rapide sur l’alimentation et surtout un dosage par prise de sang est nécessaire pour dépister ces carences, sources de blessures ou de contre-performance.

Enfin, le déficit énergétique par manque d’apport en sucres lent, ou en protéines (notamment animales) est une erreur souvent identifiée en sport. La recherche du « poids de forme » ou bien les règles éthiques, économiques ou le manque de temps pour cuisiner sont des arguments légitimes mais malheureusement la cause de fatigue et de blessures.
Ces erreurs doivent donc être identifiées et corrigées.

Bilan postural

Dans le suivi médical régulier des sportifs haut niveau, il est demandé de réaliser un bilan postural. Pourquoi pas chez tous les sportifs ?
Il est à mon sens important d’encadrer tous les athlètes au mieux, quelque soit leur niveau.

Le bilan postural permet d’évaluer la souplesse musculaire, la mobilité articulaire par des tests simples en cabinet.
Cela donne des axes de progression et de travail.

Encore une fois cela rentre dans le cadre de la prévention médicale. Par exemple, les déchirures musculaires sont souvent favorisées par des raideurs musculaires/tendineuses.

Quoi retenir après cet examen médical ?

Lorsque cette consultation est réalisée auprès d’un médecin spécialisé en physiologie du sport, vous l’aurez compris, le certificat est un motif qui rentre plus globalement dans une consultation de suivi annuel de l’athlète et de prévention médicale.

Fréquemment, vous sont remis d’autres documents que le certificat médicale. Vous pouvez attendre de votre médecin un tracé électrocardiogramme, ou encore une ordonnance pour une prise de sang pour la recherche de carences (vitamines, minéraux, bilan hormonal etc…) ou encore des ordonnances de kinésithérapie ou de semelles orthopédiques .
La listes est longue et spécifique à chaque bilan annuel !

Au décours de cette consultation, il est important que l’athlète reparte avec des pistes de réflexion sur sa pratique et son quotidien.
S ‘améliorer ce n’est pas uniquement dans les valeurs qui ressortent de nos montres et applications d’entrainement ! La performance est globale et multi-factorielle !

Et la magie dans le sport, c’est que la progression est infinie : mieux manger, mieux récupérer, mieux planifier ses entrainements…
Sans oublier l’impact positif que cela procure sur la prévention des blessures.

Alors, à vous de jouer : pour une pratique sportive raisonnée, allez consulter !

Article réalisé par :
Anne-Lise DESJACQUES

Médecin de la Fédération de Ski d'Alpinisme