Les objectifs sportifs sont encore repoussés à plusieurs semaines mais rien n’empêche de se faire plaisir sur une belle rando-course. Alors pourquoi ne pas sortir de sa routine et aller explorer les chemins un peu plus loin autour de chez soi, sur son lieu de vacances, de WE. L’aventure est parfois au coin de sa rue ! Voici quelques conseils pratiques pour programmer une sympathique sortie « longue » !

Aujourd’hui, les smartphones et les montres GPS permettent de découvrir de nouveaux sentiers sans être des pros de la carte et de la boussole. Mais attention prudence ! Entre rêver sur une trace derrière son ordinateur et la suivre sur le terrain sans encombre et en toute sécurité, il y a parfois quelques nuances ! Alors, un peu de réflexion avant d’enfiler vos baskets car on trouve de tout sur la toile, du très fiable et du moins bien, et le trail ne déroge pas à la règle.

1 - Des circuits officiels clé en main

1-1 : Les marques à la conquête des territoires

Le trail est une activité en pleine expansion et certains acteurs du secteur cherchent à le « domestiquer », à l’encadrer et à le rendre le plus accessible possible. Un peu à l’image des stations de ski, on retrouve sur l’ensemble du territoire français (et un peu en Europe) des « stations de trail » et des « espaces trail ». Ces 2 dénominations sont des marques déposées. Sur une Station ou un Espace, vous allez pouvoir accéder gratuitement à des parcours balisés, diversifiés, adaptés à tous les publics, classés un peu comme les pistes de ski du vert au noir suivant la distance, le dénivelé, les aspects techniques des chemins…

En parallèle de ce travail sur le terrain, les 2 labels ont développé leur site internet et leur application mobile qui regroupent foule d’informations sur les parcours, les descriptifs, les traces directement à télécharger, des fonctions de guidage… C’est pratique, ludique, normalement fiable. C’est une première approche intéressante pour découvrir et s’initier aux circuits natures. 

1-2 : Les initiatives locales

De nombreuses collectivités territoriales, des associations, des centres de loisir, des offices de tourisme… proposent également leurs propres espaces dédiés au trail avec des parcours balisés, des traces GPX à télécharger. Les applications mobiles sont certainement moins développées mais a-t-on besoin de tous les gadgets ?… voici quelques exemples qui donnent envie de sortir profiter des grands espaces : l’espace trail du Couserans, les circuits trail Estérel-Côte d’Azur, les propositions du Chambon en Charente, les montagn’a-trail du Mont-Dore… Vous trouverez certainement une initiative proche de chez vous !

Suivant votre destination, les outils et les services proposés seront donc plus ou moins complets et mis à jour. Mais dans tous les cas, même si vous avez tout bien téléchargé, rien de remplacera un contact direct ! Avant de partir, passez un coup de fil pour bien vérifier la praticabilité des sentiers (hauteur de neige, éboulement…), respectez bien les consignes, le balisage et bonne balade !

2 - des circuits « communautaires »

Sur les sites communautaires Openrunner.com, trace de trail.fr par exemple ou sur les sites associés aux montres GPS suunto (mouvescount.com) et Garmin (Garmin Connect) en particulier … c’est la foire aux circuits ! c’est certes une belle communauté, tout le monde partage ses sorties, ça part d’un bon sentiment ! Mais attention aux déconvenues… quelques points à bien vérifier avant de partir :
- si vous choisissez la trace d’une compétition officielle, c’est à la fois positif car le tracé est fiable MAIS par contre il n’est pas toujours praticable au quotidien : vous pourrez vous heurter à des chemins privés, ouverts uniquement le jour de la course et dans ce cas, il va vous falloir contourner la zone sous peine de se fâcher avec le propriétaire du terrain qui en a ras le bol de voir passer des énergumènes en short !

Et puis, lors d’une course, les organisateurs peuvent aménager le terrain, baliser, débroussailler, placer des cordes pour aider à franchir un passage difficile… toutes ces précieuses attentions disparaissent à la fin de la compétition… et le passage sympa en rappel devient beaucoup moins évident s’il n’y a plus la corde !
- si c’est plutôt une trace « d’entraînement » postée par un pair, vérifiez qu’il a réalisé réellement le circuit, que ce n’est pas juste un tracé virtuel. Vous aurez ainsi une trace la moins fausse possible et sans trop de (mauvaise) surprise. Les commentaires peuvent également vous alerter si le tracé révèle quelques anomalies !
- les cartes de chaleur proposées sur les sites sont également un bon outil pour vérifier que votre itinéraire n’est pas trop farfelu. Plus les routes proposées apparaissent en gras, plus elles sont empruntées… méfiance, si vous choisissez les chemins de traverse. Il y a certainement une bonne raison s’ils sont très peu empruntés : une barre rocheuse, un éboulis, un passage très dégradé…

3 - des circuits à concocter soi-même

« Avant », on étalait la carte IGN du secteur et on reliait les points les uns aux autres, en suivant les lignes roses, plus ou moins épaisses, plus ou moins continues, pour construire la rando du jour.
Aujourd’hui, c’est toujours le même principe mais les outils informatiques ont modifié un peu la donne : voici en quelques étapes comment tracer sa propre route dans une optique toujours sécuritaire.

Pour créer son itinéraire sur les outils, plusieurs options pour choisir son itinéraire.

soit comme « avant » on part de la carte et on suit les chemins qui nous inspirent. L’avantage avec ces outils, c’est qu’ils permettent de suivre les chemins proposés sur les cartes ce qui permet de pouvoir rapidement concocter son circuit et d’avoir une trace précise à suivre sur votre GPS.

Un exemple avec le site openrunner pour créer un parcours :

Cliquer sur créer un nouveau parcours.

1.    Bien choisir le suivi automatique pour suivre les chemins et choisir le mode de déplacement (à pieds pour les sorties trail). Il ne reste plus qu’à choisir le point de départ et créer son itinéraire en suivant les chemins.

2.    Ajouter un point sur le chemin et l’outil relie automatiquement le point précédent en suivant le chemin. Vous n’avez plus qu’à créer votre parcours.
 

   

•    Soit on s’inspire des passages des autres traileurs grâce aux cartes de chaleurs proposées par certains sites.

Un exemple avec l’outil Movescount proposé avec les montres Suunto :

On peut aussi tracer son itinéraire en suivant les chemins (option Emprunter les itinéraires à pied). On différencie bien sur cette carte les chemins les plus empruntés ce qui permet plus facilement d’imaginer des parcours.

L’avantage de le tracer avec les outils informatiques est d’avoir le kilométrage et dénivelé précis au fur et à mesure de la création de votre circuit. Mais il faut toujours savoir lire une carte et différencier les pistes, chemins, sentes …. pour ne pas être déçu du circuit.

4 - conseils et astuces :

- La définition d’une sortie « longue » est très relative et très dépendante du niveau de chacun. Alors avant de choisir sa trace, prenez en compte tous les paramètres de la sortie : distance, dénivelé positif et négatif, technicité des terrains, météo, et votre niveau… pour évaluer le temps d’effort de la journée. En montagne, oubliez complètement vos temps de référence sur plat ou même sur chemins vallonés. Pour vous donner un ordre d’idée, l’étalon en randonnée « classique », c’est environ 300-400 m de dénivelé à l’heure. Pour les très bons traileurs, on peut monter à plus de 1000 m de dénivelé à l’heure. Mais ce n’est pas donné à tout le monde ! La moyenne se situe plutôt entre 500 et 700 m à l’heure. Une sortie journée avec un total cumulé de plus de 2000 m de dénivelé positif est à réserver aux coureurs habitués.

- Partez bien équipés :

  • de l’eau et des vivres pour la journée prévue (1 barre et 500 ml d’eau minimum par heure) et un peu de rab en sécurité ! L’eau est vitale, l’étude des points d’eau potentiels (ruisseau, fontaine, source..) est déterminante avant la sortie.
  • du matériel indispensable : veste, couverture de survie, une bande adhésive pour strapper une cheville : c’est le minimum vital en montagne même si la météo semble clémente. Toute situation peut se dégrader très vite.
  • ne comptez pas aveuglément sur votre smartphone : batterie déchargée, perte de réseau, casse de matériel… autant de détails qui peuvent gâcher une journée… une carte IGN du secteur et une batterie externe au fond du sac peuvent être une bonne option.

Le mois prochain, nous irons un peu plus loin dans la découverte des sentiers de France et de Navarre et nous vous proposerons de partir en itinérance. Quel bonheur de programmer quelques jours de rando-course, léger mais bien équipé, et de traverser un large territoire.

Article par Maria SEMERJIAN Professeure agrégée EPS et Ultra traileuse élite