Probiotiques, prébiotiques, lacto-fermentation, symbiotiques… voilà des mots très à la mode ; super stars d’émissions télé ou des magazines. Mais que signifient-ils ? Quels intérêts présentent-ils, notamment pour le sportif. Essayons d’y voir plus clair.

Dans son ouvrage de vulgarisation scientifique, Le charme discret de l’intestin, Giulia Enders, doctorante en médecine, nous a permis de définir simplement le microbiote et de mieux comprendre son influence sur différents problèmes physiques.

Le microbiote intestinal abrite plus de 100 000 milliards de bactéries qui constituent un écosystème stable vivant en symbiose avec son hôte (notre organisme). 70% de ces bactéries se situent dans notre côlon. Chaque individu possède un microbiote unique. En effet, environ 2/3 des espèces dominantes observées dans le microbiote d’un individu lui sont propres et ne sont qu’exceptionnellement retrouvées en dominance dans le microbiote d’un autre individu.
Le microbiote d’un individu adulte en bonne santé est stable dans le temps. Même après un traitement antibiotique, le microbiote reviendrait à son équilibre initial. Cette stabilité serait assurée par les conditions extrêmes du milieu intestinal qui conduisent à la sélection des bactéries les plus adaptées à notre tube digestif.

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantités suffisantes, exerceraient un effet bénéfique sur la santé.

Les bactéries ajoutées dans nos aliments sont clairement minoritaires par rapport à l’ensemble du microbiote. Très peu de bactéries apportées par l’alimentation survivent jusqu’au côlon et aucune d’entre elles ne colonise durablement le tube digestif. Toutefois, certaines bactéries ajoutées en quantité suffisante dans nos aliments peuvent interagir avec notre microbiote et notre organisme, alors même qu’elles sont en transit, et avoir des effets bénéfiques sur notre santé.

Quelques définitions :

Le microbiote est un écosystème microbien très varié (500 à 1000 espèces bactériennes, 100 000 milliards de bactéries). C’est ensemble des micro-organismes qui peuplent notre intestin.

Sa flore dominante est constituée de deux types de micro-organismes :

  • Les firmicutes : plus de 250 genres (lactobacillus ; mycoplasma, bacillus, clostridium)
  • Les bacteroidetes : environ 20 genres différents (des bactéroïdes)

On recense dix fois plus de firmicutes que de bactéroidetes.

Notre microbiote assure des rôles très importants pour le bon fonctionnement de notre organisme :

  • Rôle nutritionnel/ métabolique :
    - Synthèse des vitamines K, B5, B6, B7 et B9
    - Réduction du cholestérol en coprostanol (métabolite majeur d'excrétion du cholestérol)
    - Transformation des acides biliaires
  • Protection contre les micro-organismes pathogènes
  • Acquisition de la tolérance, développement et fonction de l’immunité digestive
  • Rôle dans le développement et les fonctions de l’épithélium digestif

Principales fonctions du microbiote vis-à-vis de l’hôte :

Source : Les enjeux du microbiote – Pr Stéphane M. Schneider – CHU de Nice

Le microbiote dominant est une « signature » pour chaque individu. De la diversité de notre microbiote dépend notre santé !

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent un effet positif sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels. Il s’agit aussi bien de bactéries (divers lactobacilles et bifidobactéries, E. Coli, E faecium) que de levures (Saccharomyces boulardii). Les propriétés du probiotique sont spécifiques à la souche, exemple :

Un bon probiotique doit :

  • Être non toxique
  • Ne pas être dégradé par la digestion (résister à l’acidité gastrique et à la bile)
  • Survivre, mais ne pas persister
  • Ne pas être sensible aux antibiotiques
  • Avoir un bénéfice clinique


Les bactéries dominantes représentent par définition au moins 1% des bactéries totales. On observe :

  • Un profil de flore spécifique à chaque individu
  • Une stabilité de la flore dominante et une relative instabilité de la flore sous-dominante
  • Une augmentation de la complexité de la flore avec l’âge

L’utilité des probiotiques : Le concept de « probiotiques » est relativement récent. L’emploi des probiotiques est une stratégie médicale particulièrement importante dans le cadre des perturbations des réponses immunitaires, de diverses manifestations somatiques. Son intérêt potentiel est à prendre en considération chez les sportifs.

"Mode d'emploi" de S. Boulardii

Source : LMcFarland & al. World J Gastroenterol 2010

Où trouver les probiotiques dans notre alimentation :

  • Aliments à base de lait :
    - Kéfir (lactobacillus acidophilus)
    - Yaourt (lactobacillus bulgaricus, streptococcus thermophilus)
    - Fromage et beurre (L. Lactis lactis, L. Lactis cremoris, moisissures, enterococci…)
  • Aliments fermentés :
  • Pain (saccharomyces cerevisiae)
  • Pickles, choucroute (acetobacter, L. plantarum), kombucha, kimchi, miso…

Les prébiotiques sont des ingrédients alimentaires de nature oligosaccharidique (fibres !) qui ne sont pas digérés dans l’intestin grêle de l’homme mais, en revanche, fermentés dans le côlon. Ils stimulent sélectivement la croissance et/ ou l’activité d’un nombre limité de bactéries de la flore colique normale (bactéries lactiques).

Dans la nature, les prébiotiques sont présents dans certains végétaux en très faible quantité. Ils sont aussi synthétisés industriellement sous l’action d’une enzyme de transfert à partir du lactose et du saccharose. Leur pouvoir édulcorant, leurs qualités gustatives et leurs propriétés technologiques en font des produits intéressants dans l’industrie agroalimentaire.

Les principaux prébiotiques sont : le lactulose, lactitol, le fructo-oligosaccharide (FOS), l’inuline, le lactose, les fibres alimentaires….

Leurs deux effets physiologiques principaux sont :

  • L’effet osmotique (Pression qui détermine le phénomène d'osmose et qui correspond à la différence des pressions exercées de part et d'autre d'une membrane semi-perméable (ici : membrane intestinale) par deux liquides de concentration différente (ici : contenu de la lumière intestinale et pression sanguine)
  • Les effets liés à leur fermentation et à ses produits :
    - Augmentation de la masse bactérienne (et plus particulièrement celle des bifidobactéries)
    - Augmentation de la production d’AGCC (Acides Gras à Chaine Courte, comm le butyrate)
    - Baisse du pH intraluminal
    - Hausse de la production de gaz intestinaux

Les symbiotiques : association d’un (ou de plusieurs) probiotique et de son (ses/leurs) nutriments (prébiotiques), ou « mélange de pro- et de prébiotiques dans lequel le prébiotique favorise sélectivement le probiotique ».

Symbiotique = Probiotique + Prébiotique

De l’utilisation des probiotiques :

L’utilisation des probiotiques pourrait permettre de traiter efficacement le déséquilibre de l’écosystème, et ainsi, moduler les différentes fonctions de la flore intestinale. Comme nous l’avons évoqué plus haut, toutes les souches ne sont pas équivalentes et la diversité des familles bactériennes étudiées et des effets observés, rend la compréhension de cette question assez complexe.

En pratique, les probiotiques sont largement utilisés soit comme médicaments soit comme compléments alimentaires, toutefois, leur usage peut ne pas être anodin.

Selon la littérature, il n'y a aucune preuve que leur administration à grande échelle, par exemple dans les yaourts, chez des personnes en bonne santé, et en dehors de l'administration d'antibiotiques, représente un quelconque bénéfice. Leurs indications sont donc limitées. De plus, ils ne sont pas complètement dénués de risques et plusieurs cas d'infections systémiques ont été décrits. Leur prescription doit être limitée aux indications bien documentées, à savoir la prévention des diarrhées post-antibiotiques, la prévention des récidives des diarrhées à Clostridium Difficile et la prévention de la diarrhée du voyageur. Ils doivent être utilisés avec d'extrêmes précautions chez certains patients, notamment les personnes immunodéprimées. Chez ces patients, un protocole spécifique concernant leur indication et leur administration doit encore être développé.

À ce propos, un rapport de l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), réunissant un groupe d’experts a été publié en février 2005, afin d’évaluer les effets des prébiotiques et probiotiques sur la flore et l’immunité de l'homme adulte.
Ainsi, le groupe fait le point sur la composition et l’évolution de la flore humaine en s’interrogeant sur la validité du concept de bonne et mauvaise flore. Sont également abordés les facteurs susceptibles de moduler les propriétés des souches telles que leur survie au cours du transit, leur caractère vivant ou pas, et la démonstration d’effets souches- dépendants des probiotiques ou ceux structure- dépendants des prébiotiques.
Pour ce rapport, le groupe s’est penché sur les résultats des publications scientifiques afin de définir les critères méthodologiques adéquats en vue de caractériser l’effet bifidogène d’une souche. Ce travail est complété par l’analyse critique des outils méthodologiques et de l’interprétation des résultats de quelques études ayant montré certains effets des probiotiques.
Les experts relativisent également les effets des prébiotiques et probiotiques sur l’immunité et les fonctions intestinales (digestion, absorption, motricité́ et effet barrière) de l’hôte au regard des modèles utilisés pour démontrer ces effets.
(Je vous engage vivement à lire ce rapport : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT-Ra-Preprobiotiq.pdf)

D’une manière générale :

La survie dans le tractus digestif de souches ingérées n’implique pas forcément l’existence d’effets bénéfiques. Et la non-survie n’implique pas nécessairement l’absence d’effets bénéfiques. La survie du probiotique, de son ingestion jusqu’au site d’action, semble intéressante pour beaucoup de chercheurs. Elle dépend essentiellement de la dose du produit ingérée ainsi que de la souche, des facteurs liés à l’hôte et de l’aliment vecteur. La très grande majorité́ des probiotiques ne colonise pas durablement le tube digestif : leur effet est donc transitoire.

• La flore intestinale est constituée d’un ensemble de groupes taxonomiques (relatif à la taxinomie, science de la classification des êtres vivants) communs aux sujets adultes (Eubacterium, Bacteroides, Clostridium...) mais le profil d’espèces microbiennes colonisant le tube digestif est propre à chaque individu. De ce fait, il n’est pas possible de définir à ce jour un ensemble d’espèces microbiennes marqueur de la flore normale. De même, l’idée dichotomique opposant « bonnes » et « mauvaises bactéries » n’est pas appropriée, et le concept de bon profil de flore n’est pas pertinent. Cependant, préserver, voire renforcer l’homéostasie intestinale, serait bénéfique.

• On ne peut extrapoler les effets démontrés pour les produits contenant des microorganismes vivants (probiotiques) à d’autres produits contenant des microorganismes tués (en général dans les compléments alimentaires). En effet, même si quelques études ont montré que certains effets physiologiques sont dus à l’ADN de probiotiques et aux métabolites issus de préparations bactériennes, d’autres ont montré que les effets n’étaient observés qu’en présence de préparations microbiennes vivantes (ce qui correspond à la stricte définition des probiotiques).

• La résistance des probiotiques à l’acidité, aux sels biliaires et leur survie dans l’environnement digestif sont très variables en fonction de la souche. Celles utilisées dans le yaourt meurent en grande partie dans la partie haute du tube digestif et seulement 1% de survie est observée au niveau iléal (voir plus loin).

• D’après deux études (Johansson et al., 1993 ; et, Alander et Al., 1996), les bactéries ingérées, pour la plupart, persistent pendant la période de consommation et sont ensuite éliminées en quelques jours sans colonisation durable. En effet, l’acidité gastrique et les sécrétions bilio-pancréatiques constituent nos principaux mécanismes d’inactivation des bactéries ingérées. Donc, à moins que le passage dans l’estomac soit rapide et que les bactéries soient protégées par un système galénique ou par le pouvoir tampon (pH) d’un aliment vecteur, un complément alimentaire de probiotique ne sert pas à grand-chose au long cours ! De plus, il a été démontré que la dose ingérée de probiotiques est un facteur très important si l’on souhaite obtenir des concentrations élevées (≥ ufc) dans les différents compartiments du tube digestif et ainsi lui permettre d’être active vs la flore présente à des niveaux plus faibles.

• Rien n’exclut que l’on démontre que la présence d’un principe actif bien identifié dans un probiotique suffise pour permettre une prédiction fiable d’un effet. Cela nécessite une validation solide.

• Il est admis de manière consensuelle que les effets d’une souche ne peuvent être extrapolés à une autre. Donc, des études cliniques sur la souche elle-même sont nécessaires pour toute allégation. Les communications se référant à des souches voisines ne doivent en aucun cas être utilisées.

Point sur les produits laitiers :

Les probiotiques contenus dans les yaourts sont les bactéries lactiques : Streptococcus thermophilus et Lactobacillus bulgaricus. Leur principale vertu est d’aider à digérer le lactose. Ces dernières années, les industriels ont lancé des nouveaux produits laitiers (Actimel®, Activia® au bifidus…) contenant d’autres types de probiotiques et présentant d’autres qualités. Par exemple, le bifidus actif essensis qui facilite le transit intestinal, mais cet effet n’est sensible qu’au bout d’une quinzaine de jours de consommation régulière.
 
Tous les yaourts n’apportent pas des doses significatives de probiotiques (seuil d’efficacité : minimum 10 millions par gramme). Les yaourts pasteurisés, les yaourts brassés aux fruits, et donc « stabilisés » contiennent peu de bactéries actives. Par ailleurs, les différentes familles de souches présentent des effets spécifiques, assez ciblés qui demandent à être davantage étudiés.

Peu d’études fiables sur le plan méthodologique ont porté spécifiquement sur l’incidence de supplémentations en produits laitiers fermentés et probiotiques sur la composition de la microflore intestinale de l’homme adulte. Toutefois, la recherche a permis de mettre en évidence quelques points remarquables : 

- Dans l’étude randomisée contrôlée de Collins et al. (2002), 80 volontaires recevaient pendant 21 jours un lait fermenté contenant 1010 ufc de L. salivarius UCC118/jour (n=20) en comparaison avec du lait frais (n=20) ou les contrôles correspondants (n=20, chaque groupe). L’apport de UCC118 entraînait une élévation significative des comptes de lactobacilles et d’entérocoques fécaux. Bifides, Bactéroïdes et entérobactéries n’étaient pas significativement modifiés. Une augmentation concomitante des IgA salivaires et de l’activité́ phagocytaire des granulocytes (système immunitaire) était observée avec le probiotique.

- L’étude de Tannock et al. (2000) portant sur 10 volontaires sains comprenait une période de suivi de 15 mois durant laquelle tous les volontaires recevaient des mois 6 à 12 un produit laitier fermenté contenant 1,6 109 Lactobacillus rhamnosus DR20 par jour. L’utilisation de diverses méthodes classiques et moléculaires mises en œuvre pour l’analyse mensuelle des flores fécales conduisait aux observations suivantes :

  • L. rhamnosus DR20 transitait à des niveaux plus ou moins élevés suivant le volontaire et ce paramètre semblait influencé par la diversité́ des lactobacilles autochtones.
  • La consommation du produit laitier fermenté contenant L. rhamnosus DR20 s’accompagnait d’une élévation significative transitoire des comptes de lactobacilles totaux et d’entérocoques. Elle s’accompagnait également d’une élévation transitoire de la fréquence de détection des lactobacilles (de 76 à 100 %).
  • Les quelques différences observées pour d’autres groupes et pour certains sujets seulement ne conduisaient pas à une évolution significative pour la population étudiée.
  • La consommation du produit laitier fermenté contenant L. rhamnosus DR20 ne s’accompagnait pas de modifications significatives de paramètres biochimiques tels que les AGCC (acide gras à chaines courtes) et les activités béta-glucuronidase ou azoréductase.

- Le yaourt présenterait des effets probiotiques à priori démontrés, le fromage pourrait en avoir de très importants et, de façon générale, l’ensemble de l’alimentation interagit avec de nombreuses fonctions de l’organisme via ses effets sur le microbiote. Riche en ferments probiotiques, le yaourt peut être recommandé (outre pour son apport calcique et la diversité alimentaire) dans deux situations cliniques :

  • D’une part, chez les personnes digérant mal le lactose : Les ferments lactiques du yaourt contiennent naturellement une lactase qui leur permet d’hydrolyser le lactose et de se nourrir à partir de ce disaccharide (16). La lactase bactérienne est inactive dans le yaourt de pH 4 conservé à + 4 °C mais devient active dans l’intestin grêle lorsque les ferments lactiques vivants y parviennent, notamment au niveau du duodénum où les conditions physico-chimiques s’approchent des conditions optimales du fonctionnement de cette enzyme (+37 °C, pH = 7). Plusieurs études cliniques ont démontré que les ferments spécifiques du yaourt améliorent la digestion du lactose chez des sujets qui le digèrent mal.
  • D’autre part, en prévention et en traitement des diarrhées aigües et persistantes chez les enfants.

Le yaourt bénéficie d’ailleurs d’une allégation validée par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) en 2010. Mais il ne faut pas considérer les probiotiques des yaourts comme des remèdes miraculeux.
Les fromages sont également très riches en ferments, une source potentielle de probiotiques encore peu étudiée mais prometteuse.

Probiotiques et immunité :

Les études in vitro indiquent que des probiotiques peuvent entraîner une stimulation de la sécrétion de cytokines, Th 1 le plus généralement, par des cellules immunitaires, avec des effets dépendant des souches. Cependant, ces études impliquent un contact direct bactérie/ cellule immunitaire, ce qui n’est probablement pas représentatif de la physiologie intestinale.
L’ensemble des études cliniques chez l’homme convergent vers une modulation de l’immunité innée (activation de la phagocytose et de lymphocytes NK) par l’administration orale de différentes souches de lactobaciles et de bifidobactéries. Cependant, les conséquences réelles sur une meilleur efficacité de la réponse immunitaire, en cas d’infections bactériennes ou virales sur l’issue de cette infection (rapidité de la guérison, influence sur le taux d’anticorps, incidence sur les taux d’infection dans une classe d’âge, etc…) ne sont que très peu connues.
Les résultats indiquent la possibilité d’un renforcement de l’immunité sécrétoire IgA vis-à-vis de pathogènes viraux ou bactériens au niveau de la muqueuse intestinale, par certains probiotiques. Cependant, le nombre d’études reste restreint, surtout chez l’adulte. De plus la corrélation existante entre le taux plus élevé d’IgA sécrétoires et la prévention des infections reste controversée. On ne dispose d’aucun travail montrant un effet significatif d’un probiotique ou d’un prébiotique sur des affections de nature allergique chez l’adulte.

Des travaux ont montré que la consommation de certains probiotiques module le transit oro- anal ou le transit colique chez l’homme.

D’autres études cliniques sont nécessaires pour confirmer l’effet modulateur de probiotiques sur certaines activités enzymatiques intestinales (ß-glucosidases et ß-glucuronidases). Ouvrant un champ d’investigation chez l’homme, les études menées in vitro ou chez l’animal montrent que les probiotiques peuvent exercer un effet modulateur sur la quantité́ et la répartition des mucines, un effet favorable sur la fonction barrière de l’intestin, un effet anti- apoptotique (mort programmée des cellules), (domaine de recherche intéressant pour certaines affections comme les maladies inflammatoires du tube digestif).

L’univers des probiotiques demeurent un large champ d’investigations à venir.

Probiotiques et sportifs :

L’état des lieux des connaissances des probiotiques permet de les intégrer à l’arsenal des moyens dont on peut disposer pour agir sur la santé du sportif. La question est celle de la connaissance précise des effets de chaque souche et de l’élaboration des mélanges les plus appropriés à chaque athlète.

L’intérêt premier des probiotiques pour le sportif touche au problème récurrent de celui-ci, à savoir : les troubles digestifs !
Les troubles digestifs surviennent avec une très grande fréquence dans un grand nombre de disciplines ; ils concernent 30 à 50% des sportifs ; les taux les plus élevés se rencontrent dans les disciplines imposant des efforts de longue durée s’effectuant en partie ou totalement en courant.
En effet, lors de ce type d’exercice, une nouvelle hiérarchie circulatoire se met en place au détriment des intestins et au bénéfice des muscles impliqués dans l’effort. L’irrigation intestinale chute alors de 20% de sa valeur au repos. Cette forte diminution de l’irrigation intestinale va avoir plusieurs types de conséquences sur le tube digestif :

  • L’absorption des glucides est notablement diminuée
  • Altération du bon déroulement des processus énergétiques
  • Chute brutale de l’apport d’oxygène aux cellules intestinales ➔ atteintes tissulaires locales

Lorsque le débit viscéral se restaure, il s’accompagne d’une brutale augmentation de l’apport d’oxygène aux tissus. Ceci entraine une forte hausse de la production radicalaire. La répétition de ces épisodes va donc favoriser la pérennisation de ces atteintes cellulaires et conduit à une perte de l’étanchéité de la muqueuse intestinale. Une complémentation en nutriments antioxydants réduit l’importance de ces atteintes.
Pour le sportif, on attend des probiotiques qu’ils favorisent la synthèse de cytokines permettant d’enrayer l’inflammation de la muqueuse, de restaurer une tolérance normale aux aliments et de faciliter la cicatrisation de la muqueuse.

Le travail nutritionnel :

Les processus en jeu dans le tube digestif participent non seulement à l’obtention d’un statut nutritionnel optimal mais aussi à tenir à l’écart les processus pathologiques que la pratique régulière de sport peut favoriser. L’analyse du contenu de l’assiette d’un sportif renseigne le/ la diététicien(ne) – nutritionniste diplômé(e) sur l’existence possible d’apports marginaux et sur les adaptations possibles que le sportif a spontanément apporté à sa ration. On observera aussi l’évitement (par exemple les fruits et légumes pour soulager une colite chronique inflammatoire) ou, au contraire la surconsommation de certains aliments.
La prise en charge des perturbations digestives du sportif est un élément incontournable d’un accompagnement personnalisé efficace et adapté, dans le respect de la santé.

La restauration d’un écosystème intestinal harmonieux est nécessaire à la dissipation de troubles ou pathologies, y compris ceux à caractère chronique.

Pour cela, la supplémentation en probiotiques serait efficace pour réduire l’incidence et la sévérité des symptômes gastro-intestinaux chez les coureurs d’endurance, notamment sur les épreuves longues, et ainsi améliorer les performances.

Une étude randomisée (Marteau PR & al (2007) – Essai multicentrique, randomisé, contrôlé, en double aveugle contre placébo, sur l’efficacité du mélange de probiotique Lactibiane Référence© sur les symptômes associés au syndrome de l’intestin irritable - Gastroentérologie Clinique & Biologique – a démontré l’intérêt de ce complément alimentaire proposé aux sportifs depuis 1990.
Ces résultats sont bien évidemment à prendre avec précaution puisqu’ils découlent d’une étude réalisée par le laboratoire fabriquant ce complément alimentaire.

Une nouvelle étude « Four weeks of probiotic supplementation reduces GI symptoms during a marathon race » Jamie N. Pugh & Al. European Journal of Applied Physiology, volume 119, pages 1491–1501 (2019) a évalué l’effet d’une supplémentation en probiotiques sur les symptômes gastro-intestinaux de coureurs d’endurance.
Les chercheurs ont recruté 24 coureurs qui ont pris soit une supplémentation de probiotiques (un mélange de Lactobacillus acidophilus, Bifidobacterium bifidum et Bifidobacterium animalis subs p. Lactis), soit un placebo pendant 28 jours avant un marathon. Les symptômes gastro-intestinaux ont été surveillés pendant la supplémentation (période d’entraînement) et pendant la course.

Les résultats : Cette étude récente suggère que les probiotiques peuvent aider.

  • Pour le groupe prenant des probiotiques, l’incidence des symptômes gastro-intestinaux est plus faible au cours de la 3e et la 4e semaines de supplémentation que pendant la 1ère et la 2e semaines. Les chercheurs n’ont en revanche pas observé ces résultats pour le groupe sous placebo.
  • Pendant le marathon, la sévérité des symptômes gastro-intestinaux au cours du dernier tiers de la course était significativement plus faible pour le groupe « probiotiques ».
  • Les coureurs ayant pris des probiotiques ont également moins réduit leur vitesse de course entre le début et la fin du marathon, ils ont donc mieux maintenu leurs performances.


Les chercheurs expliquent que les probiotiques pourraient augmenter l’absorption des glucides pendant l’exercice. D’autres études ont montré qu’ils offriraient une protection contre les dommages causés aux parois des cellules intestinales pendant l’exercice. Ces conclusions restent toutefois, à être confirmées par d'autres travaux avant de pouvoir conseiller la prise de probiotiques aux coureurs.

Nous pouvons affirmer que les probiotiques demeurent une thérapeutique méconnue des professionnels de santé́ et donc, par la même occasion, des patients.

L’évolution des recherches sur les probiotiques, le développement des connaissances des professionnels de santé (pharmaciens, diététiciens – nutritionnistes…) dans le domaine des probiotiques est primordial pour pouvoir encourager, à l’avenir, une augmentation de leur utilisation par les sportifs et tous les autres patients.

Attention : En comparaison avec les autres classes thérapeutiques, les probiotiques sont relativement récents et leur enseignement au cours des cursus des professionnels de santé (cursus pharmaceutique, diététique…) est jusqu’à ce jour (quasi) inexistant.
Une utilisation optimale des probiotiques ne peut être réalisée que par un professionnel de santé formé spécifiquement à ce domaine.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire une thèse très intéressante, rédigée et soutenue publiquement en 2017, par Selma CHALABI pour l’obtention de son Diplôme d'État de Docteur en Pharmacie : Probiotiques et troubles fonctionnels intestinaux : Conseils à l’officine. Ce travail remarquable a servi à l’écriture de cet article, en voici le lien : http://thesesante.ups-tlse.fr/1653/1/2017TOU32009.pdf.

Article écrit par :
Caroline JOUCLA • Nutritionniste-diététicienne Diplômée d’Etat • www.carolinejoucladieteticienne.com